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Mots et mets

Mots et mets
18 décembre 2008

"La terre est bleue comme une orange"

la_terre_est_bleue Pendant que je cuisinais mon fondant à l'orange, l'autre jour, chantait dans ma tête ce vers d'Eluard que j'affectionne tout particulièrement "La terre est bleue comme une orange". J'ai alors eu envie de relire ce très grand poète qu'est Eluard... et j'en profite pour vous partager ce petit bonheur de lecture! Un peu de surréalisme ne fait pas de mal, n'est-ce pas?

La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s’entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d’alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d’indulgence
À la croire toute nue.

Les guêpes fleurissent vert
L’aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.


Paul ELUARD, L'Amour la poésie (1929)

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17 décembre 2008

Tajine aux amandes et aux coings confits

Voilà plus d'un an, nous avions mangé un délicieux tajine aux coings chez mes cousins et je m'en souviens comme d'un moment de découverte et de grand plaisir. Voilà longtemps que je voulais tenter à mon tour, mais il a fallu que mon panier paysan me fournisse de beaux coings, parfumés à souhait, pour que j'ose enfin me lancer! Alors, merci Déborah pour cette recette odorante et goûteuse: nous nous sommes régalés!

Tajine_1Ingrédients (pour 4 pers.):

- 1 kg de veau
- 2 gros coings
- 100 gr d'amandes émondées
- 1 oignon
- une gousse d'ail
- 3 c. à soupe de miel
- épices: cumin, safran, cannelle, gingembre, coriandre

1) Faire revenir rapidement les morceaux de viande dans un faitout. Quand ils ont pris couleur, ôter du feu.
2) Dans la graise de la viande, faire revenir l'ail et l'oignon coupés finement.
3) Ajouter la viande, couvrir d'eau et porter à ébullition. Ecumer soigneusement, puis baisser à feu doux et ajouter les épices. Laisser cuire à couvert une bonne heure.
4) Pendant ce temps, éplucher les coings, les couper en grosses tranches et les mettre dans de l'eau bouillante environ 15 min. (le temps qu'ils s'attendrissent un peu).
5) Passé ce temps, égoutter les morceaux et les mettre dans une casserole avec un fond d'eau, le miel et des épices. Laisser caraméliser à tout petit feu une trentaine de minutes. Arrêter la cuisson quand les coings sont confits.
6) Quand la viande est cuite, la sortir et faire réduire le jus aux épices 10 min.
7) Quelques minutes avant de servir, dresser la viande dans un plat à tajine, recouvrir des coings confits, napper de jus et parsemer des amandes émondées sur le dessus. Passer à four chaud une dizaine de minutes.

Tajine_2

A table!

Le p'tit truc: Une fois de plus, ce tajine est encore meilleur le lendemain quand les épices se sont développées quelques heures!

16 décembre 2008

Gâteau marbré au chocolat

Ce grand classique des goûters est toujours apprécié des petits (et grands!) gourmands! Vite fait, il séduit les enfants par ses lignes ondulantes au bon chocolat et, bien protégé, se garde plusieurs jours sans problème!

G_teau_marbr_Ingrédients (pour 6):

- 150 gr de farine
- 1 sachet de lavure chimique
- 150 gr de sucre en poudre
- 100 gr de beurre
- 3 jaunes d'oeufs
- 1 dl de lait
- 60 gr de chocolat
- un peu de vanille en poudre
- 1 pincée de sel



1) Mélanger 90 gr de beurre avec le sucre, la pincée de sel et les jaunes d'oeufs.
2) Ajouter la farine et la levure, puis le lait et bien mélanger.
3) Faire fondre le chocolat au bain-marie.
4) Diviser la pâte en deux partis égales. Incorporer le chocolat dans un partie, et la vanille dans l'autre.
5) Beurrer un moule à cake et verserles deux pâtes, alternativement.
6) Enfourner th. 190 environ 30 min. Laisser refroidir... et déguster!

Le p'tit truc: Pour une note gourmande, il m'arrive de ne pas mettre de vanille, mais d'ajouter de la poudre de noix de coco dans la partie sans chocolat: c'est fameux aussi!

11 décembre 2008

Fondant à l'orange

Ce gâteau est une pure merveille!... Et je le dis d'autant plus volontiers que ce n'est pas une de mes recettes, mais que je l'ai trouvé sur le magnifique blog "Very easy kitchen".
Au départ, c'est une recette au pamplemousse, mais, un peu pressée par le temps, je l'ai réalisé avec les fruits que j'avais à la maison, c'est à dire: des oranges! Mais je crois que je le testerai bientôt comme dans la recette originelle, tellement nous avons été conquis par la douceur et la saveur de ce dessert!

G_teau___l_orangeIngrédients:

- 2 oranges

-
125 g de beurre
- 175 g de sucre gla
ce
- 115 g de farin
e
-
2 oeufs

-
1 sachet de levure
- 3 c. à soupe de Grand Marnier

1) Prélever le zeste d'une orange, le hâcher fin et le faire revenir quelques minutes dans de l'eau bouillante.
2) Mélanger 100 gr de sucre glace avec le beurre ramolli, puis ajouter les oeufs, la farine, la levure et le zeste d'orange.
3) Verser la pâte dans un moule préalablement beurré et enfourner th. 180 environ 30 min.
4) Laisser tiédir quelques instants, puis démouler sur un plat.
5) Presser les oranges. Mélanger leur jus avec le sucre glace restant et le Grand Marnier. Faire chauffer quelques minutes, le temps d'obtenir un sirop épais et verser sur le gâteau encore tiède.

Le p'tit truc: Pour la décoration, ôter le zeste de la 2ème orange, le couper en fines lanières et le faire revenir 1/4 d'heure dans de l'eau sucrée. Egoutter et disposer sur le gâteau.

G_teau___l_orange_2

Merci Easy Kitchen pour ce dessert si savoureux!

10 décembre 2008

Tarte aux tomates confites

Une tarte pleine de couleurs et de saveurs, pour une recette improvisée à partager avec des amis, sur le pouce! Les tomates confites se marient merveilleusement avec le chèvre fondant, le jambon cru leur répond bien et la pâte au romarin sublime le tout!

Ingrédients (pour 6 pers.): Tarte_aux_tomates_confites_3

- 250 gr de farine
- 120 gr de beurre
- 5 cl d'eau
- 1 branche de romarin
- une pincée de sel
- tomates confites
- 4 tranches de jambon cru
- 10 petits chèvres frais
- 4 oeufs
- 50 cl de lait
- sel, poivre, muscade

1) Confectionner une pâte brisée: mélanger la farine, le sel, le beurre amolli, puis ajouter progressivement l'eau. Incorporer ensuite le romarin émietté.
2) Laisser reposer 1 heure au frais.
3) Etaler la pâte. Disposer dessus les tomates confites, le chèvre coupé en morceaux, le jambon effiloché.
4) Battre les oeufs, ajouter le lait et assaisonner. Verser l'appareil sur la pâte.
5) Enfourner th. 190, environ 30 min.
6) Déguster tiède!

Le p'tit truc: Ne pas trop saler: le jambon, le chèvre et les tomates confites s'en chargent!

Tarte_aux_tomates_confites_2

Un peu de soleil sur la table en ces journées hivernales!

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8 décembre 2008

Blanquette de veau à l'ancienne

Ce que j'aime dans les dimanches, c'est se retrouver tous en famille, prendre du temps les uns avec les autres...
Ce que je déteste dans les dimanches, c'est rester des heures aux fourneaux, sous prétexte de préparer un "bon petit repas" pour le déjeuner...
Alors j'aime ces plats d'hiver, préparés à l'avance, qui sont encore meilleurs réchauffés le lendemain.
On peut partir se balader sans contrainte, aller chercher, à travers la colline, mousse et feuillages pour installer la crèche, et revenir, un peu saisis par le froid et le givre, dévorer un bon plat chaud qui nous aura sagement attendu, odorant et parfumé!

Blanquette___l_ancienneIngrédients (pour 4 pers.):

- 1 kg de veau
- 300 gr de champignons
- 75 gr d'oignons blancs
- 2 c. à soupe de farine
- 1 c. à soupe de crème fraîche
- 50 gr de beurre
- 1 jaune d'oeuf
- 2 carottes, 1 blanc de poireau, un bout de céleri branche, 1 oignon
- 1 gousse d'ail
- Clou de girofle
- Thym, laurier

1) Mettre le veau dans une cocotte et recouvrir d'eau salée. Laisser bouillir quelques minutes, puis écumer soigneusement.
2) Ajouter les carottes coupées en 2, le blanc de poireau, le céleri, l'oignon piqué du clou de girofle, thym, laurier et ail. Laisser cuire à petit feu 1h30.
3) Pendant ce temps, faire revenir les oignons blancs dans un peu de beurre avec une pincée de sucre (environ 10 min).
4) Eplucher les champignons et les faire également revenir avec une noix de beurre.
5) Quand la blanquette est cuite, dans une casserole, faire fondre le reste de beurre, ajouter la farine et laisser cuire 1 minute. Ajouter 1 litre du jus de la blanquette et porter à ébullition en mélangeant vivement.
6) Oter du feu, ajouter la crème fraîche et le jaune d'oeuf. Bien mélanger.
7) Au moment de servir, disposer dans un grand plat la viande, les oignons, les champignons et recouvrir de la sauce. Servir très chaud!

Le p'tit truc: Plus le bouillon de la blanquette sera parfumé, plus votre blanquette sera goûteuse! A servir avec du riz blanc, tout simplement!

NB: Cette recette est inspirée par le livre "Instants gourmands" (éd. Auzou)

Blanquette_2

Au début de la cuisson!


5 décembre 2008

Petits biscuits croquants au citron

Voici une petite recette gourmande à picorer lors d"un goûter d'hiver... Je me suis inspirée d'une recette trouvée dans les "fiches Atlas" (mais oui!), et je la dédie tout spécialement à Déborah, du blog "Citron pressé", qui semble beaucoup aimer le citron!

Biscuits_au_citronIngrédients (pour une trentaine de biscuits):

- 1 citron
- 5 cl de lait
- 125 gr de beurre
- 60 gr de sucre glace
- 175 gr de farine
- 1 blanc d'oeuf

1) Tamiser le sucre glace et le mélanger avec le beurre préalablement ramolli.
2) Ajouter la farine et le zeste du citron. Mélanger avec les doigts.
3) Battre le blanc d'oeuf rapidement à la fourchette et l'ajouter à la préparation.
4) Ajouter le jus d'un demi-citron et bien mélanger.
5) Former une boule avec la pâte, l'envelopper dans du film alimentaire et la garder au moins 12h au frais.
6) Sortir la pâte et la laisser se reprendre 1/2 heure à température ambiante. Puis l'étaler et découper des biscuits avec l'emporte-pièce de votre choix.
7) Disposer les biscuits sur une plaque recouverte de papier sulfurisé et les badigeonner de lait.
8) Enfourner, th. 180, environ 10 min.

Le p'tit truc: Ces biscuits sont encore meilleurs tièdes, accompagnés d'un bon thé parfumé!

3 décembre 2008

Calendrier de l'Avent... et orange de Noël!

Avec quelques jours de retard, je vous souhaite à tous un bonne entrée dans l'Avent, ce temps offert comme une parenthèse de joie et de lumière, une marche vers la grande fête de Noël!

Je vous souhaite un temps qui ne soit pas qu'une course effrénée vers les grands (ou petits!) magasins, une galopade d'angoisse entre menus à élaborer et cadeau pour l'arrière-grand-tante à trouver!

Mais au contraire, un temps privilégié pour admirer lumières et sapins, un temps donné pour penser aux autres, un temps pour s'émerveiller, un temps pour regarder autour de soi et voir ceux qu'on ne voit pas toujours à l'ordinaire...

... Un temps pour vivre!...

Calendrier_de_l_Avent

... Le temps file bien vite, pour nous, les "grands", mais ce n'est visiblement pas la perception de mes petits Bouts qui piaffent d'impatience devant leur calendrier de l'Avent: encore tous ces jours à attendre Noël!!! ("Dis, Maman, si on ouvrait 2 petites boites par jour, est-ce que Noël viendrait plus vite" demande Poussinette, maligne et gourmande!).

J'ai trouvé l'idée de ce calendrier chez "Loisirs et création": j'ai acheté un support en contre-plaqué, de la peinture verte et dorée. Puis je me suis amusée à décorer 24 petites boîtes avec ce qui me tombait sous la main (bouts de feutrine, serviettes en papier et "vernis colle", pommes de pain ramassées dans la colline et peintes, petites épingles à linge,....!) et les ai collées après les avoir garnies de petites gourmandises. Tous les jours, c'est la joie à l'heure d'ouvrir une petite boîte!

Heureux enfants!...

Et puis, hier soir, comme un contre-point à toutes ces belles choses qui les font rêver dans les magazines et qui bientôt garniront leurs chaussures, je leur ai lu ce magnifique texte de Jean Guéhénno... Je vous le partage aussi...

L'orange de Noël

Le soir de Noël, quand j’avais huit ans, je courais, quelques sous en main donnés par ma mère, à la rencontre d'une épicerie. Mon trésor ne devait payer que la plus belle orange. Je bondissais chez Fichepoil, courais chez Ealet, revenais encore chez Fichepoil. Qui dira ce que peut être dans un enfant l'intensité du désir et sa certitude de toucher bientôt au bonheur ? C'est ce désir et cette certitude qui ne doivent pas être trompés, et un Dieu naissait cette nuit-là précisément pour les combler.

Je revenais un peu avant minuit portant dans une main une admirable orange enveloppée d'un papier de soie, dans l'autre un sac de chocolats à faveur rose. La distribution de chocolats, la messe de minuit, la visite à la crèche, puis la fête qui s'éteint.

Je regardais ma belle orange, ajoute-t -il. Et voici ce qui, rituellement, arrivait : ma mère la tirait de son papier de soie ; tous deux nous en admirions la grosseur, la rondeur, l'éclat ; je prenais dans le buffet un de ces beaux verres à pied en cristal qu'on achetait alors dans les foires (...), je le renversais, le mettais à droite, au bout de la cheminée, et ma mère posait dessus la belle orange. La pomme d'or prenait ainsi sa place parmi tous nos fétiches(...).

Pendant des mois, elle nous assurait par ses belles couleurs que le bonheur et la beauté étaient de ce monde. Quelquefois je la palpais, je la tâtais. Il m'arrivait d'insinuer qu'elle serait bientôt mûre.
- Attendons encore ! répondait ma mère. Quand nous l'aurons mangée, qu'est~ce qui nous restera ?
Nous attendions.

En avril ou mai, il fallait la jeter, parce qu'elle était gâtée. Je n'ai pas de souvenir d'avoir jamais mangé l'orange de Noël. Triste fin pour cet objet de désir et de convoitise !

... toujours, dans ma pensée, la nuit de Noël devra sa grandeur à ces souvenirs que j'ai rapportés, et il m'arrive encore de songer au bonheur comme à une belle orange de Noël qu'il faudrait partager entre tous les hommes pour que réellement ils la mangent.

Jean Guéhenno (Académie Française)

2 décembre 2008

Gâteau de semoule aux fruits confits

J'ai trouvé cette recette de gâteau de semoule dans le livre "Instants gourmands", (ed. Auzou), et nous l'aimons beaucoup à la maison! Vite fait, c'est un dessert parfait après un simple potage, pour rassasier les appétits gourmands!

G_teau_de_semouleIngrédients:

- 1 litre de lait
- 1 sachet de sucre vanillé
- 3 oeufs
- 150 gr de fruits confits
- 150 gr de semoule de blé
- 150 gr de sucre en poudre
- 30 gr de beurre



1) Verser le lait dans une casserole, avec 30 gr de beurre et le sachet de sucre vanillé. Porter à ébullition et ajouter la semoule en tournant vigoureusement. Laisser cuire une dizaine de minutes, sans cesser de mélanger.
2) Quand la préparation a épaissi, ôter du feu et laisser refroidir.
3) Battre les oeufs avec 100 gr de sucre et ajouter à la préparation.
4) Couper les fruits confits en petits morceaux et les ajouter.
5) Confectionner un caramel avec les 50 gr de sucre restant et un peu d'eau. En napper un moule.
6) Quand le caramel a refroidi, verser la préparation et enfourner, th. 180, environ30 min.

Le p'tit truc: Garder quelques fruits confits pour décorer le gâteau!

1 décembre 2008

"Aller aux mûres " Philippe Delerm

L'odeur de la confiture de mûres glissée dans les macarons (voir ici, recette des macarons!) de la semaine dernière m'a rappelé de bien beaux souvenirs d'enfance: par un dimanche ensoleillé et encore doux, on "partait aux mûres". Armés de seaux, de chapeaux, d'envies et de gourmandise, on partait, à travers la campagne cueillir ces fruits à la chair violacée et sucrée... Il fallait faire attention à ne pas se piquer, choisir les plus grosses, remplir patiemment les seaux emmenés... A la fin de la journée, allez savoir pourquoi!, on se retrouvait toujours barbouillés de rouge et de violet, les mains collantes, mais l'estomac bien rempli! Et le soir, c'était la bonne odeur de la confiture qui envahissait toute la maison, promesse de petits déjeuners parfumés, douce odeur de l'automne commençant pour nous accompagner tout au long des saisons...

Mais, bien mieux que moi, Philippe Delerm a merveilleusement su décrire ces journées de cuillette: je vous laisse en sa compagnie!

Aller aux mûres

C’est une balade à faire avec de vieux amis, à la fin de l’été. C’est presque la rentrée, dans quelques jours tout va recommencer ; alors c’est bon, cette dernière flânerie qui sent déjà septembre. On n’a pas eu besoin de s’inviter, de déjeuner ensemble. Juste un coup de télé­phone, au début du dimanche après-midi :

— Vous viendriez cueillir des mûres ? 

— C’est drôle, on allait justement vous le proposer ! 

On s’en revient toujours au même endroit, le long de la petite route, à l’orée du bois. Chaque année, les ronciers deviennent plus touffus, plus impénétrables. Les feuilles ont ce vert mat, profond, les tiges et les épines cette nuance lie-de-vin qui semblent les couleurs mêmes du papier vergé avec lequel on couvre livres et cahiers. 

Chacun s’est muni d’une boîte en plastique où les baies ne s’écraseront pas. On commence à cueillir sans trop de frénésie, sans trop de discipline. Deux ou trois pots de confi­tures suffiront, aussitôt dégustés aux petits déjeuners d’automne. Mais le meilleur plaisir est celui du sorbet. Un sorbet à la mûre consommé le soir même, une douceur glacée où dort tout le dernier soleil fourré de fraî­cheur sombre. 

Les mûres sont petites, noir brillant. Mais on préfère goûter en cueillant celles qui gardent encore quelques grains rouges, un goût acidulé. On a vite les mains tachées de noir. On les essuie tant bien que mal sur les herbes blondes. En lisière du bois, les fougères se font rousses, et pleuvent en crosses recour­bées au-dessus des perles mauves de bruyère. On parle de tout et de rien. Les enfants se font graves, évoquent leur peur ou leur désir d’avoir tel ou tel prof. Car ce sont les enfants qui mènent la rentrée, et le sentier des mûres a le goût de l’école. La route est toute douce, à peine vallonnée : c’est une route pour causer. Entre deux averses, la lumière avivée se donne encore chaude. On a cueilli les mûres, on a cueilli l’été. Dans le petit virage aux noisetiers, on glisse vers l’automne.

Philippe Delerm, La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules

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