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Mots et mets
Mots et mets
3 septembre 2009

Page d'écriture

doisneauEn ce jour de rentrée scolaire, je ne pouvais pas ne pas penser à mon cher Prévert et vous partager sa merveilleuse page d'écriture... superbe texte qui m'accompagne, régulièrement, inlassablement, chaque début de septembre, que je me retrouve face à mes classes d'élèves, ou que j'accompagne mes petits bouts à leur école...et bien sûr une petite photo de Doisneau, grand magicien du quotidien, était toute trouvée pour illustrer ce poème!

Page d'écriture

Deux et deux quatre

quatre et quatre huit

huit et huit font seize…

Répétez ! dit le maître

Deux et deux quatre

quatre et quatre huit

huit et huit font seize.

Mais voilà l’oiseau lyre

qui passe dans le ciel

l’enfant le voit

l’enfant l’entend

l’enfant l’appelle

Sauve-moi

joue avec moi

oiseau !

Alors l’oiseau descend

et joue avec l’enfant

Deux et deux quatre…

Répétez ! dit le maître

et l’enfant joue

l’oiseau joue avec lui…

Quatre et quatre huit

huit et huit font seize

et seize et seize qu’est-ce qu’ils font ?

Ils ne font rien seize et seize

et surtout pas trente-deux

de toute façon

ils s’en vont.

Et l’enfant a caché l’oiseau

dans son pupitre

et tous les enfants

entendent sa chanson

et tous les enfants

entendent la musique

et huit et huit à leur tour s’en vont

et quatre et quatre et deux et deux

à leur tour fichent le camp

et un et un ne font ni une ni deux

un à un s’en vont également.

Et l’oiseau lyre joue

et l’enfant chante

et le professeur crie :

Quand vous aurez fini de faire le pitre

Mais tous les autres enfants

écoutent la musique

et les murs de la classe

s’écroulent tranquillement

Et les vitres redeviennent sable

l’encre redevient eau

les pupitres redeviennent arbres

la craie redevient falaise

le porte-plume redevient oiseau.

Jacques Prévert

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17 juillet 2009

"Le temps des cerises"

grappe

Evidemment, je ne pouvais laisser passer mon gâteau moelleux aux cerises sans entendre chanter le temps des cerises de Jean-Baptiste Clément... Je vous le partage donc!

Le temps des cerises

Quand nous en serons au temps des cerises,
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête.
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au coeur.
Quand nous en serons au temps des cerises,
Sifflera bien mieux le merle moqueur.

Mais il est bien court, le temps des cerises,
Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d'oreilles.
Cerises d'amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang.
Mais il est bien court le temps des cerises,
Pendants de corail qu'on cueille en rêvant.

Quand vous en serez au temps des cerises,
Si vous avez peur des chagrins d'amour
Evitez les belles.
Moi qui ne crains pas les peines cruelles,
Je ne vivrai pas sans souffrir un jour.
Quand vous en serez au temps des cerises,
Vous aurez aussi des chagrins d'amour.

J'aimerai toujours le temps des cerises :
C'est de ce temps-là que je garde au coeur
Une plaie ouverte,
Et dame Fortune, en m'étant offerte,
Ne saurait jamais calmer ma douleur.
J'aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au coeur.

Jean-Baptiste Clément

23 juin 2009

"Voici des fleurs, des fruits"

c_zanne

Mon précédent article (beignets de fleurs de courgettes) m'a fait fait penser au doux poème de Verlaine que je vous confie cet après-midi (tableau de Paul Cézanne):

Voici des fleurs, des fruits
des feuilles et des branches,
et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous,
ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches,
et qu’à vos yeux si beaux, l’humble présent soit doux.

Voici des fleurs, des fruits
des feuilles et des branches
la gare Montparnasse,ô, vous souvenez-vous,
votre cœur était pur, votre robe était blanche,
votre amour était clair,votre corps était doux.

Voici des fleurs, des fruits
des feuilles et des branches
et voici l’escalier des premiers rendez-vous,
et mon baiser soudain sur votre peau si blanche,
vous si calme déjà, et moi déjà si fou.
Voici des fleurs, des fruits
des feuilles et des branches
et puis voici ce train qui me fait comme un trou
et puis voici sa main entre vos deux mains
blanches
et voici son baiser qui hante votre cou.

Voici des fleurs, des fruits
des feuilles et des branches
et puis voici ce train qui s’éloigne sans nous,
je vous crie : « au secours », mais ma voix est si blanche
et vous me laissez seul au milieu du mois d’août.
Voici des fleurs, des fruits
des feuilles et des branches
et puis voici la pluie qui coule dans mon cou
ô, ne l’essuyez pas avec vos deux mains blanches
et laissez-moi souffrir mon chemin jusqu’au bout,
jusqu’au bout, jusqu’au bout.

Verlaine

16 juin 2009

Simplicité et perfection en cuisine...

coquelicotsComme promis dans mon post précédent, voilà la belle citation de Curnonsky relevée au restaurant "La table d'Yves":

"En cuisine comme dans les arts, la simplicité est le signe de la perfection et les choses ne sont que lorsqu'elles ont le goût de ce qu'elles sont".

Curnonsky

A méditer!!

24 mars 2009

"La vie profonde" Anna de Noailles

arbre_8Déjà, déjà, le printemps est là, qui est arrivé, tout doucement, sans se faire remarquer...

Et moi qui l'ai laissé passer, sans un bruit, sans un geste, juste quelques chants d'oiseaux le matin, un parfum, une senteur...

Alors, pour me faire pardonner, que faire de mieux que vous partager ce magnifique poème d'Anna de Noailles et espérer que, tout comme moi, vous vous laisserez porter, et quue vous viendrez le relire, souvent...

La vie profonde

Être dans la nature ainsi qu'un arbre humain,
Étendre ses désirs comme un profond feuillage,
Et sentir, par la nuit paisible et par l'orage,
La sève universelle affluer dans ses mains !

Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face,
Boire le sel ardent des embruns et des pleurs,
Et goûter chaudement la joie et la douleur
Qui font une buée humaine dans l'espace !

Sentir, dans son coeur vif, l'air, le feu et le sang
Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre.
- S'élever au réel et pencher au mystère,
Être le jour qui monte et l'ombre qui descend.

Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise,
Laisser du coeur vermeil couler la flamme et l'eau,
Et comme l'aube claire appuyée au coteau
Avoir l'âme qui rêve, au bord du monde assise...

Anna de Noailles

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24 février 2009

"La plus belle des lumières" J.M.G. Le Clézio

margueritesMes dernières recettes rentrées ("Verrines d'avocat à la vinaigrette de tomates" et "Mini-tartelettes au pistou") m'ont fait prendre conscience d'une grande envie d'été, de soleil, de lumière...!

Alors, si vous êtes dans le même cas que moi, je vous propose de déguster ce texte de Le Clézio, sur cette lumière bien particulière qui nous enveloppe, l'été venu.

"La lumière d'été"

J'aime la plus belle des lumières, chaude, jaune, celle qui apparaît quelquefois l'après-midi sur le mur d'une chambre face au sud. C'est en elle que je voudrais habiter, pendant des jours, des mois, des années. Souple, tiède, vivante, douce, jaune comme la paille, jaune comme la flamme des allumettes, elle entre par la fenêtre ouverte sans que je sache d'où elle vient, de quels sables, de quels champs de maïs ou de blé mur. Elle entre, pareille à une chevelure de femme, elle se met à bouger entre les murs de la chambre, d'un mouvement continu qui emplit de bonheur, d'un seul long mouvement qui se déploie et rebondit sans cesse, la belle lumière chaude, la lumière d'été.

Je la sens venir,elle m'enveloppe comme l'air , mais sans rien qui trouble ou attouche, elle regarde chaque parcelle de ma peau, elle me baigne et m'éclaire. Aucune lumière ne sait faire cela comme elle. Elle, elle est venue de tous les points de l'espace, poudre des soleils et des étoiles, parfum des astres. Lumière du tabac et des genêts, lumière du cuir, lumière de la bière, lumière des fleurs, lumière de la peau blonde et claire, elle supporte tout cela avec elle, comme une rivière qui coulerait sur elle-même.

On n'entend pas son bruit. C'est à l'intérieur des oreilles qu'elle murmure son chant , c'est à l'intérieur du ventre qu'elle fait tourner sa ronde. Lumière de la paix, et il n'y aura jamais d'autre paix, jamais de bonheur plus grand dans le monde. Les guerres, les crimes, les mensonges, la faim, la soif, la souffrance, tout cela s'efface quand cette lumière emplit l'espace. C'est elle que les hommes veulent voir.

J.M.G. Le Clézio, L'inconnu sur la terre

18 décembre 2008

"La terre est bleue comme une orange"

la_terre_est_bleue Pendant que je cuisinais mon fondant à l'orange, l'autre jour, chantait dans ma tête ce vers d'Eluard que j'affectionne tout particulièrement "La terre est bleue comme une orange". J'ai alors eu envie de relire ce très grand poète qu'est Eluard... et j'en profite pour vous partager ce petit bonheur de lecture! Un peu de surréalisme ne fait pas de mal, n'est-ce pas?

La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s’entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d’alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d’indulgence
À la croire toute nue.

Les guêpes fleurissent vert
L’aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.


Paul ELUARD, L'Amour la poésie (1929)

3 décembre 2008

Calendrier de l'Avent... et orange de Noël!

Avec quelques jours de retard, je vous souhaite à tous un bonne entrée dans l'Avent, ce temps offert comme une parenthèse de joie et de lumière, une marche vers la grande fête de Noël!

Je vous souhaite un temps qui ne soit pas qu'une course effrénée vers les grands (ou petits!) magasins, une galopade d'angoisse entre menus à élaborer et cadeau pour l'arrière-grand-tante à trouver!

Mais au contraire, un temps privilégié pour admirer lumières et sapins, un temps donné pour penser aux autres, un temps pour s'émerveiller, un temps pour regarder autour de soi et voir ceux qu'on ne voit pas toujours à l'ordinaire...

... Un temps pour vivre!...

Calendrier_de_l_Avent

... Le temps file bien vite, pour nous, les "grands", mais ce n'est visiblement pas la perception de mes petits Bouts qui piaffent d'impatience devant leur calendrier de l'Avent: encore tous ces jours à attendre Noël!!! ("Dis, Maman, si on ouvrait 2 petites boites par jour, est-ce que Noël viendrait plus vite" demande Poussinette, maligne et gourmande!).

J'ai trouvé l'idée de ce calendrier chez "Loisirs et création": j'ai acheté un support en contre-plaqué, de la peinture verte et dorée. Puis je me suis amusée à décorer 24 petites boîtes avec ce qui me tombait sous la main (bouts de feutrine, serviettes en papier et "vernis colle", pommes de pain ramassées dans la colline et peintes, petites épingles à linge,....!) et les ai collées après les avoir garnies de petites gourmandises. Tous les jours, c'est la joie à l'heure d'ouvrir une petite boîte!

Heureux enfants!...

Et puis, hier soir, comme un contre-point à toutes ces belles choses qui les font rêver dans les magazines et qui bientôt garniront leurs chaussures, je leur ai lu ce magnifique texte de Jean Guéhénno... Je vous le partage aussi...

L'orange de Noël

Le soir de Noël, quand j’avais huit ans, je courais, quelques sous en main donnés par ma mère, à la rencontre d'une épicerie. Mon trésor ne devait payer que la plus belle orange. Je bondissais chez Fichepoil, courais chez Ealet, revenais encore chez Fichepoil. Qui dira ce que peut être dans un enfant l'intensité du désir et sa certitude de toucher bientôt au bonheur ? C'est ce désir et cette certitude qui ne doivent pas être trompés, et un Dieu naissait cette nuit-là précisément pour les combler.

Je revenais un peu avant minuit portant dans une main une admirable orange enveloppée d'un papier de soie, dans l'autre un sac de chocolats à faveur rose. La distribution de chocolats, la messe de minuit, la visite à la crèche, puis la fête qui s'éteint.

Je regardais ma belle orange, ajoute-t -il. Et voici ce qui, rituellement, arrivait : ma mère la tirait de son papier de soie ; tous deux nous en admirions la grosseur, la rondeur, l'éclat ; je prenais dans le buffet un de ces beaux verres à pied en cristal qu'on achetait alors dans les foires (...), je le renversais, le mettais à droite, au bout de la cheminée, et ma mère posait dessus la belle orange. La pomme d'or prenait ainsi sa place parmi tous nos fétiches(...).

Pendant des mois, elle nous assurait par ses belles couleurs que le bonheur et la beauté étaient de ce monde. Quelquefois je la palpais, je la tâtais. Il m'arrivait d'insinuer qu'elle serait bientôt mûre.
- Attendons encore ! répondait ma mère. Quand nous l'aurons mangée, qu'est~ce qui nous restera ?
Nous attendions.

En avril ou mai, il fallait la jeter, parce qu'elle était gâtée. Je n'ai pas de souvenir d'avoir jamais mangé l'orange de Noël. Triste fin pour cet objet de désir et de convoitise !

... toujours, dans ma pensée, la nuit de Noël devra sa grandeur à ces souvenirs que j'ai rapportés, et il m'arrive encore de songer au bonheur comme à une belle orange de Noël qu'il faudrait partager entre tous les hommes pour que réellement ils la mangent.

Jean Guéhenno (Académie Française)

1 décembre 2008

"Aller aux mûres " Philippe Delerm

L'odeur de la confiture de mûres glissée dans les macarons (voir ici, recette des macarons!) de la semaine dernière m'a rappelé de bien beaux souvenirs d'enfance: par un dimanche ensoleillé et encore doux, on "partait aux mûres". Armés de seaux, de chapeaux, d'envies et de gourmandise, on partait, à travers la campagne cueillir ces fruits à la chair violacée et sucrée... Il fallait faire attention à ne pas se piquer, choisir les plus grosses, remplir patiemment les seaux emmenés... A la fin de la journée, allez savoir pourquoi!, on se retrouvait toujours barbouillés de rouge et de violet, les mains collantes, mais l'estomac bien rempli! Et le soir, c'était la bonne odeur de la confiture qui envahissait toute la maison, promesse de petits déjeuners parfumés, douce odeur de l'automne commençant pour nous accompagner tout au long des saisons...

Mais, bien mieux que moi, Philippe Delerm a merveilleusement su décrire ces journées de cuillette: je vous laisse en sa compagnie!

Aller aux mûres

C’est une balade à faire avec de vieux amis, à la fin de l’été. C’est presque la rentrée, dans quelques jours tout va recommencer ; alors c’est bon, cette dernière flânerie qui sent déjà septembre. On n’a pas eu besoin de s’inviter, de déjeuner ensemble. Juste un coup de télé­phone, au début du dimanche après-midi :

— Vous viendriez cueillir des mûres ? 

— C’est drôle, on allait justement vous le proposer ! 

On s’en revient toujours au même endroit, le long de la petite route, à l’orée du bois. Chaque année, les ronciers deviennent plus touffus, plus impénétrables. Les feuilles ont ce vert mat, profond, les tiges et les épines cette nuance lie-de-vin qui semblent les couleurs mêmes du papier vergé avec lequel on couvre livres et cahiers. 

Chacun s’est muni d’une boîte en plastique où les baies ne s’écraseront pas. On commence à cueillir sans trop de frénésie, sans trop de discipline. Deux ou trois pots de confi­tures suffiront, aussitôt dégustés aux petits déjeuners d’automne. Mais le meilleur plaisir est celui du sorbet. Un sorbet à la mûre consommé le soir même, une douceur glacée où dort tout le dernier soleil fourré de fraî­cheur sombre. 

Les mûres sont petites, noir brillant. Mais on préfère goûter en cueillant celles qui gardent encore quelques grains rouges, un goût acidulé. On a vite les mains tachées de noir. On les essuie tant bien que mal sur les herbes blondes. En lisière du bois, les fougères se font rousses, et pleuvent en crosses recour­bées au-dessus des perles mauves de bruyère. On parle de tout et de rien. Les enfants se font graves, évoquent leur peur ou leur désir d’avoir tel ou tel prof. Car ce sont les enfants qui mènent la rentrée, et le sentier des mûres a le goût de l’école. La route est toute douce, à peine vallonnée : c’est une route pour causer. Entre deux averses, la lumière avivée se donne encore chaude. On a cueilli les mûres, on a cueilli l’été. Dans le petit virage aux noisetiers, on glisse vers l’automne.

Philippe Delerm, La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules

18 novembre 2008

"Eïa pour le Kaïlcédrat royal!"

Voici un magnifique texte que je voulais vous partager pour illustrer mon post précédent: l'ananas caramélisé sur sirop miel-orange. Nous avons beaucoup entendu parler d'Aimé Césaire ces derniers temps, et, pour moi, il s'agit d'un auteur incontournable, puissant, épique. Ce texte retentit d'une force incroyable...

Eïa pour le Kaïlcédrat royal!

ô lumière amicale
ô fraîche source de la lumière
ceux qui n'ont inventé ni la poudre ni la boussole
ceux qui n'ont jamais su dompter la vapeur ni l'électricité
ceux qui n'ont exploré ni les mers ni le ciel
mais ceux sans qui la terre ne serait pas la terre
gibbosité d'autant plus bienfaisante que la terre déserte
davantage la terre
silo où se préserve et mûrit ce que la terre a de plus terre
ma négritude n'est pas une pierre, sa surdité ruée contre la clameur du jour
ma négritude n'est pas une taie d'eau morte sur l'œil mort de la terre
ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale

elle plonge dans la chair rouge du sol
elle plonge dans la chair ardente du ciel
elle troue l'accablement opaque de sa droite patience.
 
Eia pour le Kaïlcédrat royal !
Eia pour ceux qui n'ont jamais rien inventé
pour ceux qui n'ont jamais rien exploré
pour ceux qui n'ont jamais rien dompté
 
mais ils s'abandonnent, saisis, à l'essence de toute chose
ignorants des surfaces mais saisis par le mouvement de toute chose
insoucieux de dompter, mais jouant le jeu du monde
véritablement les fils aînés du monde
poreux à tous les souffles du monde
aire fraternelle de tous les souffles du monde
lit sans drain de toutes les eaux du monde
étincelle du feu sacré du monde
chair de la chair du monde palpitant du mouvement même du monde !

Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal


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