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Mots et mets
Mots et mets
18 novembre 2009

"La mer secrète"

mer_van_gogh Mon dernier article ( la Lotte à l'armoricaine) m'a renvoyé au domaine maritime, moi qui ai cette chance immense de voir la mer, infinie, sans cesse ré-inventée, depuis ma fenêtre... Et je n'ai pu m'empêcher de songer à Jules Supervielle, poète que j'affectionne énormément, tant ses vers sont forts, limpides et prégnants... "La mer secrète" est un de mes préférés (après celui sur Marseille, bien évidemment!) et vous verrez comme ces vers vous restent en tête et continuent de chanter, même lorsque vous aurez éteint votre ordinateur... En tous cas, c'est ce que je vous souhaite!

(Tableau de Van Gogh)

La mer secrète

Quand nul ne la regarde,
La mer n’est plus la mer,
Elle est ce que nous sommes
Lorsque nul ne nous voit.
Elle a d’autre poissons,
D’autres vagues aussi.
C’est la mer pour la mer
Et pour ceux qui en rêvent
Comme je fais ici.

Jules Supervielle

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12 novembre 2009

"Sous les mets, les mots"

banquet  Merci, mon Chéri, pour ce bel ouvrage de Claude Pujade Renaud, dans la jolie collection "Sous les mets, les mots", toute indiquée pour ta blogueuse d'épouse! Je ne résiste donc pas et en partage une des premières pages que j'ai trouvée très belle, avec un joli clin d'oeil en fin de passage pour le titre de mon blog!

(Tableau: Le banquet de Nastagio degli Onesti de Sandro Botticelli)

Les mets et les mots

." - Je suis excédée de ces modes exotiques (...) je préfère les plats bien de chez nous.
- Par exemple?
- Tiens, une vraie purée. Passée à la moulinette, puis au four. Pas trop gratinée, juste dorée. Une purée d'enfance, quoi! Le dessus à peine croûté, et l'intérieur onctueux...
- Je te rappelle que la pomme de terre nous est arrivée d'Amérique du Sud. Du Pérou, je crois bien.
- Bon, alors un haricot de moutopn, mijoté avec oignons, thym et laurier, plus quelques lardons. Voilà un plat de terroir, un plat canaille, non?
- Désolé de te contrarier, les haricots en grain sont aussi originaires du Nouveau Monde.
- Ah! Tu m'agaces! Et bien, même si c'est italien à l'origine, je me rabats sur des spaghettis à la sauce tomates. Faite maison avec une petite carotte en rondelles, histoire d'amadouer l'acidité de la tomate, un brin de céleri, de la sauge et un très mince filet de lait...
- On en peut plus exotique! Les pâtes proviennent de chine et la tomate du Mexique! (...)
- Bon, qu'est-ce que tu veux me prouver?
- Rien, sinon que les mets comme les mots vagabondent, se sédentarisent, empruntent et essaiement. Nomades poreux aux métamorphoses."

Claude Pujad-Renaud

3 novembre 2009

Chanson de la petite pomme!

Pomme_C_zanne  Ma dernière recette (Pommes confites sur lit meringué, crème anglaise à l'anis vert) m' a fait songer à ce poème amusant de Pierre Gamarra que je vous partage aujourd'hui... à grignoter des yeux en accompagnement de ce superbe tableau de Cézanne!

Une pomme rubiconde

Une pomme rubiconde
Se pavanait, proclamant
Qu’elle était le plus beau
de tous les fruits du monde,
Le plus tendre, le plus charmant,
Le plus sucré, le plus suave,
Ni la mangue, ni l’agave,
Le melon délicieux,
Ni l’ananas, ni l’orange,
Aucun des fruits que l’on mange
Sous l’un ou l’autre des cieux,
Ni la rouge sapotille,
La fraise, ni la myrtille
N’avait sa chair exquise et sa vive couleur.
On ne pourrait jamais lui trouver une soeur.
La brise répandait alentour son arôme
Et sa pourpre éclatait sur le feuillage vert.
- “Oui, c’est vrai, c’est bien vrai!”
dit un tout petit vers
Blotti dans le creux de la pomme.

Pierre GAMARRA

22 octobre 2009

Les noisettes sauvages

Mon dernier article (Cake aux noissettes et au miel de châtaignier) m'a fait songer au beau roman de Robert Sabatier, "Les noisettes sauvages". Olivier, le petit garçon des "Allumettes suédoises", après une année mouvementée chez son oncle et sa tante dans le Paris bourgeois des années 20, découvre le reste de sa famille, campagnarde, dans le village de Saugues. Il y découvrira des valeurs fortes, le sens de la terre et l'affection bourrue de grands-parents... Courez vite lire tout cette saga  (5 tomes, je crois?), pleine de vie et d'enthousiasme, qui, de surcroît, nous donne à vivre toute l'ambiance des années 20 à 50!

Ici, je vous partage la fin du roman, quand Olivier, les vacances finies, quitte le village et ceux qu'ila rencontré et appris à aimer...

Les noisettes sauvages

"Au bour de la cour, Olivier se retourna et regarda vers la fenêtre. Ils étaient là, dans une buée, le pépé avec son chapeau rond sur la tête, son foulard au col, son gilet, la mémé devenue fluette. Ils étaient là comme sur une photographie d'autrefois, toute jaunie, toute racornie, et que le temps pouvait effacer.

Alors, Oliver marcha, les épaules fragiles, la tête baissée, dans la rue des Tours-Neuves, en poussant la byciclette. des noisettes boursoouflaient ses poches. Sur son front, autour de son nez, le soleil avait déposé des taches de rousseur. Son corps s'était armé de muscles, son esprit de forces nouvelles, et pourtant des ondes de détresse le traversaient, quelque chose tremblait en lui. Quelqu'un, ou bien le feuillage, ou ses amis, ou le village, ou le temps, murmura: "Au revoir, Olivier..." mais il ne l'entendit pas.

Au bout de la rue, quand il leva le menton, une brise légère rafraîchit ses joures humides.

Robert Sabatier

19 octobre 2009

Marcel Pagnol et ses souvenirs d'enfance

garlaban_2  Voilà un moment que je voulais glisser un petit texte de Marcel Pagnol, cet auteur souvent injustement jugé, puisque considéré comme "facile" ou encore "populaire"... Et pourtant que de beautés dans ses textes! Les dialogues de ses pièces de théâtre sont finement ciselés, les répliques fusent, pertinentes et insolentes. Ses romans, "Jean de Florette" et "Manon des sources" portent en eux la force des grandes tragédies... Et quant à ses souvenirs d'enfance, ce sont aussi un peu les miens, pour les avoir lus et relus tant de fois...

Aussi, je profite de mon précédent post ( Mini-cake à la tapenade et au thym) pour vous partager l'incipit de La gloire de mon Père...

Garlaban

Je suis né dans la ville d'Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers.

Garlaban, c'est une énorme tour de roches bleues, plantée au bord du Plan de l'Aigle, cet immense plateau rocheux qui domine la verte vallée de l'Huveaune.

La tour est un peu plus large que haute : mais comme elle sort du rocher à six cents mètres d'altitude, elle monte très haut dans le ciel de Provence, et parfois un nuage blanc du mois de juillet vient s'y reposer un moment.

Ce n'est donc pas une montagne, mais ce n'est plus une colline : c'est Garlaban.

Marcel Pagnol

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12 octobre 2009

William Boyd et les tomates

Nicolas_de_sta_l  Le journaliste et écrivain William Boyd, écossais d'origine, partage son temps entre son pays natal et la France pour laquelle il a eu un véritable coup de coeur. Dans son dernier ouvrage, "Bambou", il reprend certains de ses nombreux textes écrits au fil des ans sur son pays d'adoption. En lisant son passage sur les "tomates", j'ai pensé à ma salade aux trois tomates... et je vous partage alors ses réflexions sur ce fruit... visiblement bien lié à la France pour lui!

("Nature morte" de Nicolas de Staël, peintre que j'affectionne beaucoup).

"Dans notre potager, nous faisons couramment pousser entre quinze et vingt variétés de tomates. En juillet et août, je déguste une très goûteuse salade de tomates au moins une fois par jour - salade composée de tomates brunes, pourpres, jaunes, vertes et orange autant que les rouges habituelles. Du coup, je trouve presque impossible d'en manger en Angleterre. Résultat: s'il existe un fruit que j'associe particulièrement à ma vie en France, c'est bien la tomate."

William Boyd

28 septembre 2009

Rotondité et amour...

fleur

La douceur des courbes du melon ( voir les Verrines de melon en gelée de muscat) qui m'émeut toujours m'a fait penser à cette magnifique phrase de René Char (une des plus grands poètes, pour moi!):

"Ne te courbe que pour aimer."

René CHAR

A méditer!...

21 septembre 2009

Pour les gourmands...

arcimboldo  Pour les gourmands qui aiment saliver et rêver devant de belles descriptions goûteuses, voici un extrait des bonnes choses que pouvait mijoter Françoise, cuisinière chez le narrateur de La recherche... Un peu de Proust pour nous ouvrir l'appétit en ce lundi... et, en accompagnement, un beau portrait gourmand d'Arcimboldo!

Car au fond permanent d’oeufs, de côtelettes, de pommes de terre, de confitures, de biscuits, qu’elle ne nous annonçait même plus, Françoise ajoutait – selon les travaux des champs et des vergers, le fruit de la marée, les hasards du commerce, les politesses des voisins et son propre génie, et si bien que notre menu, comme ces quatre-feuilles qu’on sculptait au XIIIe siècle au portail des cathédrales, reflétait un peu le rythme des saisons et les épisodes de la vie : une barbue parce que la marchande lui en avait garanti la fraîcheur, une dinde parce qu’elle en avait vu une belle au marché de Roussainville-le-Pin, des cardons à la moelle parce qu’elle ne nous en avait pas encore fait de cette manière-là, un gigot rôti parce que le grand air creuse et qu’il avait bien le temps de descendre d’ici sept heures, des épinards pour changer, des abricots parce que c’était encore une rareté, des groseilles parce que dans quinze jours il n’y en aurait plus, des framboises que M. Swann avait apportées exprès, des cerises, les premières qui vinssent du cerisier du jardin après deux ans qu’il n’en donnait plus, du fromage à la crème que j’aimais bien autrefois, un gâteau aux amandes parce qu’elle l’avait commandé la veille, une brioche parce que c’était notre tour de l’offrir. Quand tout cela était fini, composée expressément pour nous, mais dédiée plus spécialement à mon père qui était amateur, une crème au chocolat, inspiration, attention personnelle de Françoise, nous était offerte, fugitive et légère comme une oeuvre de circonstance où elle avait mis tout son talent.

Marcel Proust

14 septembre 2009

A propos de rose...

Rose Mon post précédent (framboises gourmandes sur nid de meringues roses) m'a évidemment fait songer à Ronsard et son si connu, mais si beau!, poème sur le temps qui passe...

Mignonne, allons voir si la rose

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Pierre de Ronsard

7 septembre 2009

"Béni soit le jour..."

botticelli Pour déguster, vraiment, ma Douceur italienne aux abricots, je vous conseille de lire en même temps ce superbe sonnet de Pétrarque, immense poète italien s'il en est... sous les yeux de la Vénus de Botticelli!

Béni soit le jour...

Béni soit le jour, bénis le mois, l'année
Et la saison, et le moment et l'heure, et la minute
Béni soit le pays, et la place où j'ai fait rencontre
De ces deux yeux si beaux qu'ils m'ont ensorcelé.


Et béni soit le premier doux tourment
Que je sentis pour être captif d'Amour
Et bénis soient l'arc, le trait dont il me transperça
Et bénie soit la plaie que je porte en mon coeur


Bénies soient toutes les paroles semées
A proclamer le nom de celle qui est ma Dame
Bénis soient les soupirs, les pleurs et le désir.


Et bénis soient les poèmes
De quoi je sculpte sa gloire, et ma pensée
Tendue vers elle seule, étrangère à nulle autre.


Francesco Petrarca (1304-1374)

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