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Mots et mets
Mots et mets
16 janvier 2015

"Les noisettes sauvages"

Les noisettes de ma précédente recette (Bouchées marcocaines aux noisettes) m'ont fait penser à ce roman de Robert Sabatier que j'avais dévoré enfant: "Les noisettes sauvages". Il s'agit de la suite des "Allumettes suédoises", formidable récit qui met en scène le jeune Olivier, dans le Montmartre populaire et coloré des années 30. Dans "Les noisettes sauvages", Olivier part en Auvergne, retrouver ses racines familiales. Là-bas, il est l'érudit, le parisien. Il va alors découvrir la richesse et la force de ceux qui ne sont pas allés longtemps à l'école, mais savent se servir de leurs mains et de leur coeur...

Les noisettes sauvages

"Un matin où sa jambe lui faisait plus mal qu'à l'ordinaire, le pépé troqua à regret ses énormes esclops (sabots) contre de grosses pantoufles à triple semelle de feutre. Gagné par la mélancolie, il fit à Olivier ses confidences que l'enfant n'oublierait jamais et qui marqueraient sa vie future :

- Tu vois, petit, je suis le premier des Escoulas à avoir su lire et écrire, le premier !

- Avant, on ne savait pas ? Comment on faisait ?

- Les nouvelles venaient par la bouche et la bouche n'est pas toujours fidèle. Dans notre famille, aussi loin que tu remontes dans le temps, tu trouves des travailleurs, des charpentiers, des forgerons comme mon propre père et mon grand-père, des bouviers, des tâcherons. Moi, le désir d'apprendre m'a tenaillé quand j'avais seize ans. Une sorte de honte qui m'a pris. Je me sentais comme une bête, je devenais hargneux, je me cachais pour pleurer comme une madeleine. A l'époque, pour subsister, on travaillait de cinq heures du matin à dix heures du soir comme des esclaves. On se nourrissait de soupe, d'un peu de lard le dimanche..."

Robert Sabatier, "Les noisettes sauvages"

 

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17 février 2014

"Comment voyager avec un saumon?"

Pour illustrer mon précédent article (Filet de saumon sur lit de poireaux), j'ai tout de suite pensé à un petit ouvrage drôlatique que j'ai lu il y a déjà quelques années: "Comment voyager avec un saumon?" de Umberto Eco. C'est un recueil de textes parodiques, des pastiches sur des sujets d'apparence anodine, mais au fond plus sérieux qu'il n'y paraît. Pour moi, pas le meilleur d'Eco, loin de là, mais un bon moment de lecture tout de même.

Ici, voici un extrait amusant qui dépeint les repas en avion...

(Illustration: "Antibes" de Nicolas de Staël)

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"Les anciens fabulistes nous l'ont appris, pour empêcher un renard de boire dans un verre, il suffit que ledit verre soit étroit et haut. Les verres des avions sont bas, évasés, de véritables cuvettes. Et bien évidemment, par une loi physique, tout liquide ne peut qu'en déborder, même sans l'aide des turbulences. Le pain n'a rien de la baguette française, dans laquelle il faut mordre et tirer fort même quand elle est fraîche, c'est un type particulier d'agglomérat de semoule qui, dès qu'on le saisit, explose en un nuage de poudre très fine. En vertu du principe de Lavoisier, cette poudre ne disparaît qu'en apparence : à l'arrivée, vous découvrez qu’elle est allée s'accumuler sous votre séant, emplâtrant tout l'arrière de vos pantalons. Quant au gâteau, soit il ressemble vaguement à une meringue et il va faire pâte avec le pain, soit il vous dégouline sur les doigts, quand votre serviette en papier est désormais imbibée de sauce tomate, et donc inutilisable".

Umberto Eco

7 octobre 2013

Le livre de la jungle

Pour illustrer mon post précédent (Le gâteau de la jungle), je vous propose un petit extrait du Livre de la jungle de Rudyard Kipling. C'est un roman envoûtant sur le monde de la jungle... peut-être pas si éloigné de notre monde moderne! Kipling, merveilleux auteur, a su concilier roman d'aventures, roman d'initiation, réflexion sur la société,... A lire et à faire lire à nos enfants! (Sans oublier la merveilleuse version en dessin animé avec l'inénarrable Baloo!).

Ici, un extrait que je trouve très beau et poétique: la description de Bagheera, la panthère.

Le livre de la jungle

Une ombre tomba au milieu du cercle. C'était Bagheera, la
panthère noire. Sa robe est tout entière noire comme l'encre, mais
les marques de la panthère y affleurent, sous certains jours,
comme font les reflets de la moire. Chacun connaissait Bagheera,
et personne ne se souciait d'aller à l’encontre de ses desseins, car
Tabaqui est moins rusé, le buffle sauvage moins téméraire, et
moins redoutable l'éléphant blessé. Mais sa voix était plus suave 
que le miel agreste, qui tombe goutte à goutte des arbres, et sa
peau plus douce que le duvet.

Rudyard Kipling

19 septembre 2013

Odeur de menthe...

Pour illustrer mon précédent article (Mini tartelettes choco-menthe), j'aime relire ce vers de Claude Roy, mystérieux et envoûtant, tout comme la menthe et sa saveur poivrée...

(Illustration: La nuit étoilée de Van Gogh)

vincent-van-gogh-13

 

"Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit à pas de vent de loup de fougère et de menthe voleuse de parfum"

Claude Roy

 

9 juillet 2013

Violettes de mon enfance

Pour illustrer mon dernier article (Macarons à la violette), je vous propose ce beau texte de Colette, dans les Vrilles de la vigne, qui évoque, par le biais de ces jolies fleurs, les doux souvenirs de son enfance. Colette qui, par la magie de sa plume et l'amour de la nature, sait rendre poétique tout ce qui l'entoure. Et j'aime l'idée que, par la simple évocation de quelques fleurs, elle ressuscite toute une palette de souvenirs et de sensations, effleurés, évoqués, et tellement forts...

(Illustration: Violettes de Suzanne Valadon)

Les violettes

« Et les violettes elles-mêmes, écloses par magie dans l’herbe, cette nuit, les reconnais-tu ? Tu te penches, et comme moi tu t’étonnes;-ne sont-elles pas, ce printemps-ci, plus bleues ? Plus mauves… non plus bleues (…) Cesse cette taquinerie ! Porte plutôt à tes narines le parfum invariable de ces violettes changeantes et regarde, en respirant le philtre qui abolit les années, regarde comme moi ressusciter et grandir devant toi les printemps de ton enfance !… Plus mauves… non plus bleues… Je revois des prés, des bois profonds que la première poussée des bourgeons embrume d’un vert insaisissable… Violettes à courte tige… et violettes d’un blanc bleu veiné de nacre mauve, – violettes de coucou anémiques, qui haussent sur de longues tiges leurs pâle corolles inodores… Violettes de février, fleuries sous la neige, déchiquetées, roussies de gel , laideronnes, pauvresses parfumées… O violettes de mon enfance ! Vous montez devant moi, toutes, vous treillagez le ciel laiteux d’avril, et la palpitation de vos petits visages innombrables m’enivre…  »

Colette, Les vrilles de la vigne

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14 mai 2013

Le loup sentimental

Pour illustrer mon dernier article (La piscine au chocolat des petits cochons), je vous propose un extrait du Loup sentimental de Geoffreoy de Pennart. C'est un conte que j'aime beaucoup et qui a séduit tous les enfants autour de moi, car il démystifie "le grand méchant loup" en évoquant un gentil loup qui quitte le domicile parental avec une liste de ce qu'il peut manger ou pas.. Mais son bon coeur va lui jouer des tours! Le texte est bien écrit, les illustrations sont amusantes et douces, la chute très drôle. En voici donc un extrait.

La rencontre du loup avec les petits cochons

"Lucas reprend sa route, l’estomac dans les talons.
« Je suis vraiment trop sentimental », se dit-il.
Mais il aperçoit bientôt trois porcelets roses, potelés et grassouillets.
« Pourvu qu’ils soient sur ma liste ! »
« Qui êtes-vous, Messieurs ? »
« Nous sommes les trois petits cochons. »
« Parfait. Vous êtes sur ma liste, je vais donc vous manger ! »
« Permets-nous au moins de chanter une dernière fois », implorent les
trois petits cochons.
Lucas acquiesce.
"Au revoir, mes frères, au revoir !
Cachons notre désespoir !
Chantons, chantons pour oublier
Que nous allons nous quitter !"
Mais en les écoutant, il ne peut s’empêcher de songer à ses frères.
« Filez avant que je ne me ravise », grogne-t-il tout bouleversé.
« Je suis beaucoup trop sentimental », ronchonne-t-il. Son ventre
gargouille de plus en plus."

 

Geoffreoy de Pennart

3 avril 2013

la cane de Jeanne

Pour illustrer mon dernier article (L'oeuf gourmand de Pâques)... il fallait bien que je vous propose un petit texte parlant... des oeufs! Pendant un trajet en train que j'ai fait lundi, c'est cette belle mélodie de Brassens qui m'est revenue, et ses couplets concis tout autant que mélodiques. Brassens que je tiens pour un de nos plus grands poètes et que je suis heureuse de partager avec vous aujourd'hui!

(Photo de Brassens par Doisneau (je ne pouvais pas la rater, celle-là, hein?!))

La cane de Jeanne

La cane
De Jeanne
Est morte au gui l'an neuf
L'avait fait la veille
Merveille
Un oeuf

La cane
De Jeanne
Est morte d'avoir fait
Du moins on le présume
Un rhume
Mauvais

La cane
De Jeanne
Est morte sur son oeuf
Et dans son beau costume
De plumes
Tout neuf

La cane
De Jeanne
Ne laissant pas de veuf
C'est nous autres qui eûmes
Les plumes
Et l'oeuf

Tous, toutes
Sans doute
Garderons longtemps le
Souvenir de la cane
De Jeanne
Morbleu

 

Georges Brassens

11 mars 2013

Le gâteau de Savoie... et premier de cordée!

Suite à mon précédent article (Le gâteau de Savoie), je ne pouvais pas, amoureuse des sommets comme je le suis, faire l'impasse sur un texte de montagne! Je vous confie donc cet extrait de "Premier de cordée" de Frison-Roche, roman qui a bercé ma jeunesse et que j'ai tant et tant de fois relu!

Roman d'aventures, roman d'amitié mais aussi et surtout roman du dépassement de soi, de la quête de la beauté, du sens de la vie...

Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse avec le texte... et vous invite à vous plonger dans le livre tout entier!

(Illustration: une superbe photo de Pierre Tairraz, photographe de montagne que j'affectionne tout particulièrement.  Son père, Georges, photographe également, a été un grand compagnon de Frison Roche.)

 

tairraz 3

La marche en montagne

…Les alpinistes se souciant peu du paysage, grimpaient indifférents à la majesté du site…A chaque emplacement de repos, Servettaz jetait un rapide coup d'œil vers l'est ; le soleil était encore caché par l'Aiguille verte, toute proche, mais de rougeurs inquiétantes plaquaient le ciel, auréolant sa calotte de glace et de longs écheveaux pourpre s'effilochaient entre les 4 et 5000 mètres. Le ciel fut traversé d'est en Ouest par de légers nuages floconneux poussés par un souffle qui n'atteignaient pas encore les bas-fonds terrestres… 
- Mauvais ! Mauvais ! grommela Servettaz. Les ravoures du matin mettent l'eau au moulin…Lorsque les ravoures… ces longues traînées rouges, paraissent au lever du soleil, c'est signe de pluie pour l'après-midi… 
- As-tu remarqué les ravoures, Georges ?… Non, eh bien, il fallait y prêter attention, le temps se gâte : les ravoures tout à l'heure, et maintenant c'est l'âne qui se met sur le Mont Blanc. Regarde !…Ce nuage isolé dans le ciel et qui heurtait ainsi le roi des montagnes, les guides le connaissaient ; dans le pays on l'appelle l'âne en raison de sa forme bizarre : il signifie le mauvais temps à brève échéance. 
- Continuons ! déclara Servettaz, tant que la Verte n'a pas mis son chapeau, on ne risque rien….

Roger Frison - Roche

30 janvier 2013

Un professeur de chocolat!

En lien avec mon post précédent (La mousse au chocolat expliquée aux enfants), voici une citation de Roald Dahl (auteur génial s'il en est!) qui m'a beaucoup plu et que Petit Bonhomme, fier petit cuisinier, a approuvé tout de suite quand je la lui ai lue...!

Evidemment, que les professeurs d'histoire ne fassent pas une levée de boucliers contre cet article, ils ne sont pas en cause... c'est le chocolat et uniquement lui qui nous fait répéter ces bêtises!


(Illustration: un "professeur de chocolat" bien sympathique en la personne de Johnny Depp dans le film de Tim Burton!)

 

Professeur de chocolat

« Si j’étais directeur d’école, je me débarrasserais du professeur d’histoire et je le remplacerais par un professeur de chocolat; mes élèves étudieraient au moins un sujet qui les concerne tous. »

Roald Dahl

20 mars 2012

Poème à croquer à pleines dents!

Voilà longtemps que je voulais poster sur mon blog ce poème de Prévert que je trouve génial (comme à peu près tout ce qu’écrit Prévert !). Ma précédente recette (Pommes gourmandes) m’en donne une belle occasion !

(Illustration : « Nature morte à la lampe » Picasso)

Picasso 

 

La promenade de Picasso

Sur une assiette bien ronde en porcelaine réelle
une pomme pose
Face à face avec elle
un peintre de la réalité
essaie vainement de peindre
la pomme telle qu'elle est
mais
elle ne se laisse pas faire
la pomme
elle a son mot à dire
et plusieurs tours dans son sac de pomme
la pomme
et la voilà qui tourne
dans une assiette réelle
sournoisement sur elle-même
doucement sans bouger
et comme un duc de Guise qui se déguise en bec de gaz
parce qu'on veut malgré lui lui tirer le portrait
la pomme se déguise en beau bruit déguisé
et c'est alors
que le peintre de la réalité
commence à réaliser
que toutes les apparences de la pomme sont contre lui
et
comme le malheureux indigent
comme le pauvre nécessiteux qui se trouve soudain à la merci de n'importe quelle association bienfaisante et charitable et redoutable de bienfaisance de charité et de redoutabilité
le malheureux peintre de la réalité
se trouve soudain alors être la triste proie
d'une innombrable foule d'associations d'idées
Et la pomme en tournant évoque le pommier
le Paradis terrestre et Ève et puis Adam
l'arrosoir l'espalier Parmentier l'escalier
le Canada les Hespérides la Normandie la Reinette et l'Api
le serpent du Jeu de Paume le serment du Jus de Pomme
et le péché originel
et les origines de l'art
et la Suisse avec Guillaume Tell
et même Isaac Newton
plusieurs fois primé à l'Exposition de la Gravitation Universelle
et le peintre étourdi perd de vue son modèle
et s'endort
C'est alors que Picasso
qui passait par là comme il passe partout
chaque jour comme chez lui
voit la pomme et l'assiette et le peintre endormi
Quelle idée de peindre une pomme
dit Picasso
et Picasso mange la pomme
et la pomme lui dit Merci
et Picasso casse l'assiette
et s'en va en souriant
et le peintre arraché à ses songes
comme une dent
se retrouve tout seul devant sa toile inachevée
avec au beau milieu de sa vaisselle brisée
les terrifiants pépins de la réalité

Jacques Prévert

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