Voilà, c'est arrivé!
Petite chronique ordinaire d'un soir de printemps
Voilà, c'est arrivé...
Cela fait maintenant huit ans que chaque soir, en passant dans le couloir qui mène à notre chambre, nous déposons un petit baiser sur le front de trois petits loups sagement endormis...
8 ans à changer les ampoules des veilleuses, à changer les veilleuses aussi ("elle éclaire trop", "elle n'éclaire pas assez", "Maman, il y a des ombres bizarres dans ma chambre... si, si, je t'assure, avec cette nouvelle lampe il y a une vache qui se promène sur mon plafond!"....)
8 ans à remonter une couverture, à ôter un livre entre les mains endormies, à ramasser un doudou qui profite d'un sommeil innocent pour aller visiter les moutons sous le lit...
8 ans à maugréer qu'une fois de plus la chambre n'est pas rangée, que, zut!, on a oublié les vêtements pour demain et que cela va encore être la course, que aïe! il y avait un petit légo qui traînaît par terre et qu'on se l'est pris, juste sous le pied, là où ça fait bien mal, que vraiment c'est sûr ce week-end on accroche les rideaux cousus depuis un mois...
8 ans à chasser les loups cachés dans les armoires, faire déguerpir l'ours planqué sous le lit, barricader les fenêtre contre les voleurs d'Ali Baba, vérifier que vraiment, non vraiment, il n'y a pas de fantôme dans le bureau...
8 ans à marcher sur la pointe des pieds pour rejoindre notre chambre, passant comme des sioux devant trois portes entr'ouvertes ("Ne ferme pas, Maman, j'aime entendre quand Papa rentre", "Ne ferme pas, j'ai un peu peur",...) et déposer, furtivement, un tendre baiser sur une mèche qui dépasse...
... et puis voilà, ce soir, surprise, étonnement, 3 portes fermées. Ma grande: "Tu comprends, je veux lire tranquille et ne veux pas entendre de bruits", mon Bonhomme: "Ca y est, je n'ai plus peur! Tu peux fermer ma porte?", Ma Choupinette: "Moi aussi, j'ai trois ans maintenant, je veux la porte fermée comme les grands..."
Le couloir paraît grand et vide dans le soir qui tombe. Je résiste à l'envie d'aller voir, juste une fois, juste une, on ne sait jamais... Si ils s'étaient découverts? Et si Doudou était par terre? Et s'ils dormaient le nez dans une BD?...
Nous nous retrouvons tous deux dans le couloir, amusés et un peu vides quand même, devant ces trois portes qui renferment les rêves de nos enfants... Dormez bien,... mes grands!